poems

Allumez-moi un cierge Je vais marier une vierge Même si j’gagnerai jamais mon ciel Dans cette ère industrielle

On se marre de sa gueule, de sa taille ou de son bide Bill déambule avec peine : il souffre d’obésité morbide Bill a connu l’enfer que d’autres appellent école secondaire

Je fais couler l’encre pour faire flotter des navires chavirés Chaque virée a laissé mon corps plus abîmé, mon cœur plus déchiré Ma plume plus aiguisée

Je suis la corde au-dessus du tabouret Au milieu d’un salon rempli de regrets Coupez-moi

Je te servirai pas la formule classique « Quand j'avais ton âge » sonne trop pathétique Je suis passé à travers la tempête de mon adolescence À chercher le pourquoi de trop d’absences

Écrit la veille de mes 25 ans Il y a quatre ans, je descendais l’Olympe à grand pas Dans une poésie éveillée, je chantais ma mortalité Je nous rappelais à tous d’en profiter Avant que la mort ne nous arrache d’ici-bas

Écrit la veille de mes 24 ans Sur mon visage, mélange de soupir et sourire Je dois remplir ma promesse annuelle d’écrire Y’a cette feuille blanche sur laquelle il faut que je planche Avant de mordre à pleines dents dans ma 24e tranche

Écrit la veille de mes 23 ans Je constate que vous venez d’arriver Sur les terres des exilés Cessez un peu de vous asphyxier Faites-moi confiance : on s’habitue à l’air pollué Je suis le porte-parole du comité de bienvenue

Écrit la veille de mes 22 ans Il y a un an je chantais haut et fort Mon arrivée dans le monde des futurs morts Il y a un an je pensais bien en profiter De cette existence si vite envolée Des minutes de folie sont passées Suivies par des heures de profondes pensées

Écrit la veille de mes 21 ans Demain je chanterai que hier encore j'avais vingt ans Et mon refrain parlera de cette ressource en voie d'extinction qu'est le temps Parce qu'à 21 ans, les années qui passent assassinent l'éternité

J'en ai marre. De tous les gens De cette société tellement pourrie qu'elle leur donne envie de mourir Des 50% qui pensent que le suicide c'est acceptable Des lâches courageux qui partent quand ça leur dit

Elle m’attend dans le détour de mes jours Pas toujours, mais elle saute rarement son tour Heure de peur Éclipse mon bonheur Aiguise mes malheurs

Je dors à quelques pieds sous terre Dans le sous-sol chez ma mère Avant y’était aussi à mon père Dans le temps où j’étais un petit grand frère