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Allumez-moi un cierge

Je vais marier une vierge

Même si j’gagnerai jamais mon ciel

Dans cette ère industrielle

Cadre ou concierge

Je vais marier une vierge

Une belle blanche pure

Que j’arracherai à sa reliure

Je vais marier une feuille blanche

Elle finira noire

Je lui servirai ma vie chaque soir

Tranche après tranche

Je vais marier une feuille pas une fille

Parce qu’elle n’aura pas de cœur à briser

Pas de larmes qui coulent qui brillent

Les erreurs, sur elle, je pourrai les effacer

Trouvez-moi un prêtre en toge

Sortez-le de sa sainte loge

Monsieur le curé je suis venu me marier

Voici la feuille blanche que je compte épouser

Passez-moi votre bible que je jure

De ne jamais la laisser sans écritures

Mouillez mon front de votre eau

Que mon union soit reconnue là-haut

Si quelqu’un s’y oppose

S’il ne veut pas voir naître mes proses

Qu’il parle maintenant, pas après

Ou qu’il se taise à jamais

Devant toutes ces paires d’yeux

Devant notre père adoptif le bon Dieu

Je réciterai donc ces quelques vœux

Pour vous prouver que je suis sérieux :

Je remercie le destin

D’avoir mêlé nos chemins

Si c’était pas de toi

Y’aurait peut-être plus de moi

Je promets de te chérir

Et de jamais te laisser partir

Je promets de te noircir

Jusqu’à ce qu’on me force à mourir

Je promets de te combler

Heureux ou déprimé

Je te borderai jusqu’à tard

Jusqu’à ce que la mort nous sépare

Malgré les frustrations accumulées

Je resterai en amour avec l’immaculée

Avec l’innocence de ma feuille avide

D’accueillir l’encre des stylos que j’y vide

Alors ça y’est, tout est dit

Veuillez vous lever, je vous en prie

Merci d’être venus, c’est gentil

Je vous souhaite d’attraper le bouquet, mes ami(e)s