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Écrit la veille de mes 23 ans

Je constate que vous venez d’arriver

Sur les terres des exilés

Cessez un peu de vous asphyxier

Faites-moi confiance : on s’habitue à l’air pollué

Je suis le porte-parole du comité de bienvenue

Fier membre de la tribu des dieux déchus

Comme vous j’ai dû quitter l’Olympe il y a quelques années

Et comme vous je suis atterri ici plutôt désorienté

Je sais, moi aussi j’y serais bien resté

Sur ce Mont libéré de la triste réalité

Moi aussi j’aurais voulu continuer à faire semblant

Mais on ne peut être enfant jusqu’à la fin des temps

Si je suis vieux ? Oh, pas tellement

Demain, je n’aurai que 23 ans

Vous êtes arrivés sains et saufs et vous m’en voyez content

Maintenant, vous devez apprendre à apprivoiser l’instant

Parce qu’ici-bas, on en a qu’une quantité limitée

Donc le plus possible, on essaie de les partager

Bien sûr, il y a une tonne d’autres tribus

Définies par une tonne d’attributs

Sentez-vous libres de quitter les dieux déchus

Mais avant de partir, profitez donc de mon petit vécu

Premièrement, regarder vers l’avant, pas l’arrière

N’imitez pas le désespoir de certains de vos frères

Qui s’accrochent éperdument à l’Olympe et ses pierres

Bientôt, ils comprendront que c’est la distance qui fait briller nos hiers

N’ayez pas peur des peut-être

Le destin, ici, n’a pas vraiment de maître

Les médisants, envoyez-les paître

Renvoyez-les à leur troupeau, dans l’étroitesse de leur être

Brillez, parce qu’on aura beaucoup de jours sombres

Souriez, parce que ça fera fuir une part de l’ombre

Criez, parce que chez nous, on martyrise le silence

Conscients qu’il nous aura tous un jour au bout de sa lance

Sauvages? Non, nous sommes seulement humains

Résignés? Non, nous lèverons toujours nos poings

Irresponsables? Non, nous n’avons qu’un cœur d’enfant

Fous? Non, nous ne sommes que vivants

Alors montrez-moi de quoi les vivants sont capables

Manquez de respect au morne et au stable

Libérez les chevaux puis brûlez l’étable

Buvez, chantez, et montez sur les tables

Montrez-moi de quoi les vivants sont capables

Je veux vous voir hurler à la lune

Je veux vous voir fouler cette Terre bleu et brune

Je veux vous voir danser sous la pluie

Je veux vous voir rire malgré les soucis

Je veux vous voir vous battre contre l’ennui

Je veux vous voir embrasser vos ennemis

Je veux vous voir souffrir puis en rire

Je veux vous voir pleurer sans fuir

Je veux vous voir briser toutes cages

Je veux vous voir devenir les mots sur mes pages

Ah, vous êtes restés? Alors encore une fois, bienvenue

Maintenant prenez garde aux fervents du avoir su

Ces mêmes individus, déçus d’avoir quitté notre tribu

Vous traiterons de fous, de déchus

Invitez-les à revenir, ayez pitié d’eux

Et rappelez-leur que même déchus

Nous resterons toujours des dieux