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Je dors à quelques pieds sous terre
Dans le sous-sol chez ma mère
Avant y’était aussi à mon père
Dans le temps où j’étais un petit grand frère
Dans ce temps-là j’avais peur de l’ombre
De la mienne et de toutes les autres
Les meubles ont une deuxième vie la nuit
Je l’ai découvert à minuit, quand j’étais petit
Une fois les lumières fermées
Je courais pour remonter les escaliers
Je courais assez vite pour m’envoler dans nos volées
J’avais peur que quelque chose m’attrape le pied
Et me ramène dans le royaume des ombres
Dans le sous-sol chez ma mère
Sans lumière
Aujourd’hui je suis moins pissou
Y fait noir et je laisse nos fantômes me border
Pas me hanter
Je dors dans la pièce caméléon de la maison
La pièce bed pas de breakfast
La pièce ballon d’entraînement
La pièce bureau
La pièce bibliothèque
La pièce bruyante
Concert hebdo : duo laveuse-sécheuse
Durant cette nuit silence
Pendant que mes doigts pensent
Dans le sous-sol chez ma mère
Aujourd’hui se transforme en hier
Je dors face à une petite fenêtre
Et dans la petite fenêtre y’a un petit spectacle
Derrière la silhouette de deux fleurs et d’un livre
Y’a un ciel de ville qui refuse d’être obscur
Nuit comme soir lui il relaxe, orange
Il trouve les ciels de campagne étranges
Le ciel de ville est trop trendy pour être juste tout-nu noir
Il cache ses grains de beauté étoilés
Avec son maudit tissu dense orangé
Dans la petite fenêtre rectangle sur le long
Y’a une corde à linge et des fils électriques
Qui vont droit au but
Des nuages qui voyagent
La banlieue doit pas être la plus belle image
Et je me dis, pas tout haut, tout bas, ici, en bas
Qui se passe pas mal d’affaires
Dans le sous-sol chez ma mère
Et que les fleurs sont chanceuses
D’être aux premières loges
Et que demain matin
Je vais approcher mon gros nez à moitié réveillé
Et les sentir, comme dans un film
Y fait tellement noir
J’espère qu’elles sont pas en plastique
Jésus, Marie, Joseph, s’il vous plaît
Faites que ce soit des vraies
Des vraies belles fleurs
Des fleurs qui meurent