Photo by Diana Vargas on Unsplash
†
Feu la foi traditionnelle, conventionnelle
Au feu l’Idole de notre maternelle
Un Dieu est mort, mais le panthéon tient toujours
Les nouveaux païens se font solliciter chaque jour
Par les capitaines de la conscience moderne
Aux sabres aiguisés pour saigner ceux qu’ils bernent
Maquillés au point de cacher leur teint terne
Avec leur âme bleuissant dans leurs cernes
Fausses lanternes
Levez vos pancartes à l’arrivée de leurs vaisseaux
Levez vos majeurs à la levée de leurs rideaux
Leur spectacle finira par vous faire mourir d’ennui
Enfouissez-les sous des tonnes de tomates pourries
Pour rire du pari pieux qu’ils peuvent posséder nos vies
Dans plus d’un pays, ça sent déjà la mutinerie
À l’abordage de l’Eden, à nous le fameux fruit
Croquez jusqu’à ce que vous retrouviez votre esprit
Apprivoisez l’infini
Étonnez-vous devant l’embarras du choix
Sur la tablette destinée à ceux qui croient
Ceux qui cherchent à remplacer la Croix
Une nouvelle couleur sur la palette de la foi
Pour animer l’espoir et transcender le moi
Un moi plus grand que l’Homme et ses lois
On choisit en se croisant les doigts
Pendant que les chiens de la raison aboient
Qui tu crois?
L’âme d’aujourd’hui croule sous la censure
La science fusille toute magie de la nature
On a troqué la soutane pour un sarrau
On prêche la sainte étude de nos barreaux
Pris dans l’ici-bas, oubliant le là-haut
On perce des trous dans notre bateau
Convaincus qu’il ne s’en va nulle part
On fout l’espoir par-dessus bord
Et on se verse à boire
Moi?
Je suis encore à bord de notre navire
Passant mon temps à éponger, à courir
Seaux aux mains, vides puis pleins
Ne pas couler, le destin d’un marin
J’ai trempé l’orteille, mais refuser de plonger
J’ai tendu l’oreille, prêt à endurer, à écouter
Le silence déraisonnable du monde
Un silence que je brise, que je sonde
L’éternité d’une seconde
J’ai eu besoin de croire dès ma première brûlure
Besoin d’une lumière pour éclairer mon futur
Les existentialistes ont failli m’avoir à l’usure
Aidés des échecs amoureux et des ruptures
J’ai cru que la bouteille était une cure
Jusqu’à ce que mon esprit frappe un mur
J’ai cru que c’était futile de croire
Jusqu’à ce qu’il fasse trop noir
Sans repos
Jusqu’à ce que tous puissent voir