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En mémoire de l’inoubliable
Le paysage est ennuyeux ; les étendues vertes et grises autour de l’autoroute ne divertissent pas l’œil du voyageur. La musique devient un allié précieux dans le combat contre l’ennui. Deux heures et demie durant, l’esprit du passager lutte, nourri par des mélodies plutôt calmes. Morphée vient, en de rares et brèves occasions, lui ouvrir ses bras afin d’apaiser un peu ses tourments. Le jeune homme laisse ses pensées vagabonder entre les arbres, tout comme son regard fatigué. La forêt s’assombrit rapidement, son esprit y trouve un certain réconfort.
Demain, ce sera l’anniversaire de mort de son père : une décennie d’absence. Même s’il a, en général, une tendance prononcée pour la mélancolie, il n’affronte pourtant plus ce jour fatidique de l’année de la même manière. Quelque chose dans sa perception a changé. Il a de la peine, mais une peine délivrée en partie de sa rage, une peine plus saine. Une dissociation entre cette vie qui fut et la sienne qui est toujours s’effectue tranquillement.
Peut-être est-ce les années, un brin de maturité, ou bien le fruit de réflexions répétées. Peut-être aussi est-ce un désir puissant de vivre, d’aimer, d’accomplir et de réussir. L’envie de conjuguer sa vie au présent, mélangée au besoin d’arrêter l’établissement de parallèles déprimants, lui fait voir les choses de façon différente. Il veut se forger une vie authentique et apprécier tout ce qui l’entoure à sa juste valeur.
“Life itself still remains a very effective therapist”
Assis sur le siège arrière, dans l’obscurité naissante, il aimerait pouvoir remercier tout le monde en même temps, pour tous les moments d’amitié, d’amour, d’humour, mais, surtout, de présence. Les yeux humides, il esquisse un sourire discret : c’est le début d’une lente libération.
R.I.P. Y.N. 1962-2001