Photo by Fred Kearney on Unsplash

Une fine constellation de taches de rousseur sur un visage doux, honnête. Parfait pour s'y perdre. Des mèches de cheveux blond platine, qui frôlent les cils d'une paire d’yeux bleu clair. Un sourire franc, un sourire qui apaise autant qu'il enflamme, un sourire qui fait fondre mon jeune coeur allant à un battement de trop par seconde. Un petit corps juste assez frêle qui se blottit bien contre le mien. Une fille belle le soir au restaurant et belle en se levant le matin.

« De quoi t'as besoin de plus, mon vieux, hein? Rien. »

Et du jour au lendemain, c'est tout ce qui te reste : rien. Idiot, t'as laissé sortir ton chien l'ego. Maintenant ta relation naissante saigne de la jugulaire, et tu sais qu'il lui reste pas grand temps avant de s'effacer dans le néant. T'as monté le ton, t'as bombé le torse, la tête enflée, le choix de mot déplacé. T'as envoyé toute ta cavalerie de méchanteries pour une connerie. Elle t'a renvoyé de l'insulte mature mal placée, mais comment la blâmer? L'adolescent est content, l'homme est déçu. À tes pieds, la relation naissante frissonne, soupire et meurt. La fille est partie.

« Well, too fucking bad. »

Pendant que l'adolescent fait des high fives au chien l'ego dans sa niche, l'homme se regarde dans le miroir. Quinze minutes de noir. Retour aux couleurs. Y'a pas cents façon de le voir. S'agit d'écrire la leçon, d'admettre la bévue, de classer l'erreur et de fermer le classeur. Maintenant que t'es plus drogué au shampooing de fille et au lypsyl sucré, maintenant que les effluves de son parfum ont relâché leur emprise, tu peux voir plus clair, avec tes lunettes de gars tout seul. T'es plus soûl du sexe sans fin de nuit et de matin, t'es sobre du réveil solitaire, et y'a pas grand-chose à faire. Y'a pas de mystère. Y'a que la page 4 du chapitre 23, tournée pour de bon. De toute manière, au chapitre 30, tu te rappelleras même plus qu'elle sentait bon.