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Assis sur un large balcon de ciment, je m'imagine déjà mieux imaginer, mieux vivre, vivre ici. Divagations d'un poète insatisfait, sans vrais hauts faits dans les vrais faits. Le gazon est toujours plus vert ailleurs, on croit pouvoir y être meilleur tondeur. Recommencer, ou mieux continuer. Les Croates croatent sur le balcon d'à côté. Tapent des mains. Sur mon balcon, le poète prie dans sa prose. Tape du pied. Il est content que je l'aie amené ici, ailleurs. Poète positif qu'il est dans sa détente. Poète un peu anxieux tout de même, toujours prêt à percer les bulles du spleen de sa plume. Poète chanceux qui ne doit pas l'oublier. Le phénix bouddhiste anglais tatoué lui a d'ailleurs dit, hier, au poète. Le phénix de la Reine a pointé du doigt et du coeur le temps et les gens (la professeure asiatique artistique de Berlin, les blondes bougeantes de Wells et le beau gosse en jeans jacket de Londres aussi) et les liens invisibles qui vibraient, et il lui a dit, au poète : we're lucky to be here, to meet one another. Si jeune pour être si sage, phénix encore brûlant. Aux adieux, il a refusé la poignée de main et il a pris le poète dans ses bras. Et le poète s'en voudrait de ne pas avoir écrit ça, seul avec moi, sur mon toit. Nuit douce, pensées aussi. Merci.