Ton nom ici
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Te souviens-tu quand on déambulait sans raison dans les rues enneigées d'un Vieux-Québec fin février? Quand ta petite main disparaissait dans la grande mienne? Ça fait partie des moments qui tendent encore des embuscades à mon présent, des souvenirs qui débarquent sans invitation. J'ai des flashs de toi en hiver, rieuse, souriante, brillante. Je me rappelle, souvent je te regardais et je me disais que c'était impossible que tu sois aussi belle que ça, et pendant qu'une de mes mains te réchauffait du mieux qu'elle le pouvait, je croisais les doigts de l'autre. « Faites que ça dure; faites que je fasse pas le con; faites qu'elle s'en aille pas. » Je sais pas trop à qui je demandais ça. Je me trouvais trop chanceux, et je me plaisais à croire que d'autres m'enviaient quand ils nous croisaient sur le trottoir.
Tes lèvres goûtaient bon même à moins 20, et j'aimais ça quand on prenait le temps de s'arrêter pour s'embrasser, parce que sinon j'avais de la misère à manipuler mes grands pieds durant les becs en mouvement. Puis quand on s'arrêtait, je me disais qu'on devenait un petit brasier courageux, brûlant au coeur de l'hiver québécois. Et j'aimais ça me dire ça, parce que ça faisait plaisir au Franck poète. J'étais bien dans ces micromoments-là. J'étais moi, t'étais toi, et c'était pas tellement compliqué. Y'a fallu que ça le devienne, évidemment. La malédiction d'une génération qui s'est fait offrir trop d'horizons. Ah pis non, rewind. Trop facile de généraliser l'échec et de lancer la balle de la faute dans le camp de la triste collectivité. Trop facile de pointer du doigt une millième fois les difficultés relationnelles de notre génération. Il est à moi cet échec-là, pas à nous.
On en était où? Ah oui, toi et moi, nous. Ça a été bon et beau un bout de temps, ça. Assez bon et presque assez long pour que je m'avoue de nouvelles ambitions. Pour que je veuille faire des efforts à la Saint-Valentin; pour que je veuille arrêter mon multitasking de textos féminins, pour que je veuille t'avoir au complet. Non, c'était pas sain, et à bien y repenser, j'étais sûrement pas prêt. Mais je m'en foutais, je te voulais. Y'avait des nouvelles équations qui se formaient dans ma tête : [Ton nom] = ma blonde? Eh ben non, j'ai vite barré l'équation, vite regretté l'ambition. T'as dit non. C'était mon premier « non », et il va rester associé à jamais à [Ton nom] = non. Mais t'as qu'à relire mon premier paragraphe pour comprendre que je l'associe à bien plus que trois lettres poches, ton nom.
Ton nom c'est un hiver, différents épisodes, des jambes en l'air, des chansons sur mon iPod, une galère, un sac à dos à la mode. Et pour l'instant, semblerait aussi que ton nom rime encore avec inspiration.