Européenne toi
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Elle avait les mêmes cheveux sombres, les mêmes yeux, le même petit nez, retroussé, la même ombre.
Européenne toi
La même petite tristesse brillait au fond de ses pupilles. Le même sourire vrai et timide éclaircissait son mince visage, éclipsant les mauvais présages en offrant au monde sa belle image.
Européenne toi
Elle était maman, ta jumelle transatlantique. Quelques années de plus que toi tout au plus. Elle avait marié un beau bon bienveillant brillant bonhomme, ta sosie. Il devait aimer la même musique que toi. Elle semblait l'aimer d'un amour fatigué, calculé.
Européenne toi
Ses mains douces étaient tenues par deux autres petites mains menues, des mains qui tirent et qui demandent souvent. Elle les aimait, ses enfants. Une petite fille, un petit garçon. Elle les aimait, mais elle les regardait avec un air bien caché d'oiseau en captivité. Petite hirondelle résignée, dans une belle cage parisienne remplie d'euros et de famille. Elle non plus, elle ne voulait pas d'enfants, avant.
Européenne toi
Elle m'a regardé et elle ne m'a pas vu à travers ses barreaux. Elle m'a regardé et moi je t'ai vue, nue et convaincue. Il a plu, puis je me suis souvenu de mon cœur vaincu. Ne t'arrête pas à Paris, même si le cœur t'en dis. J'y ai vu celle que tu ne veux pas être, et elle aurait préféré être toi.
Européenne toi
En relisant cette page, je m'en suis voulu de t'avoir traînée dans mes bagages. J'imagine qu'on ne choisit pas toujours ce qui fait partie du voyage.