Après la croix

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Feu la foi traditionnelle, conventionnelle

Au feu l’Idole de notre maternelle

Un Dieu est mort, mais le panthéon tient toujours

Les nouveaux païens se font solliciter chaque jour

Par les capitaines de la conscience moderne

Aux sabres aiguisés pour saigner ceux qu’ils bernent

Maquillés au point de cacher leur teint terne

Avec leur âme bleuissant dans leurs cernes

Fausses lanternes

Levez vos pancartes à l’arrivée de leurs vaisseaux

Levez vos majeurs à la levée de leurs rideaux

Leur spectacle finira par vous faire mourir d’ennui

Enfouissez-les sous des tonnes de tomates pourries

Pour rire du pari pieux qu’ils peuvent posséder nos vies

Dans plus d’un pays, ça sent déjà la mutinerie

À l’abordage de l’Eden, à nous le fameux fruit

Croquez jusqu’à ce que vous retrouviez votre esprit

Apprivoisez l’infini

Étonnez-vous devant l’embarras du choix

Sur la tablette destinée à ceux qui croient

Ceux qui cherchent à remplacer la Croix

Une nouvelle couleur sur la palette de la foi

Pour animer l’espoir et transcender le moi

Un moi plus grand que l’Homme et ses lois

On choisit en se croisant les doigts

Pendant que les chiens de la raison aboient

Qui tu crois?

L’âme d’aujourd’hui croule sous la censure

La science fusille toute magie de la nature

On a troqué la soutane pour un sarrau

On prêche la sainte étude de nos barreaux

Pris dans l’ici-bas, oubliant le là-haut

On perce des trous dans notre bateau

Convaincus qu’il ne s’en va nulle part

On fout l’espoir par-dessus bord

Et on se verse à boire

Moi?

Je suis encore à bord de notre navire

Passant mon temps à éponger, à courir

Seaux aux mains, vides puis pleins

Ne pas couler, le destin d’un marin

J’ai trempé l’orteille, mais refuser de plonger

J’ai tendu l’oreille, prêt à endurer, à écouter

Le silence déraisonnable du monde

Un silence que je brise, que je sonde

L’éternité d’une seconde

J’ai eu besoin de croire dès ma première brûlure

Besoin d’une lumière pour éclairer mon futur

Les existentialistes ont failli m’avoir à l’usure

Aidés des échecs amoureux et des ruptures

J’ai cru que la bouteille était une cure

Jusqu’à ce que mon esprit frappe un mur

J’ai cru que c’était futile de croire

Jusqu’à ce qu’il fasse trop noir

Sans repos

Jusqu’à ce que tous puissent voir