Petites âmes soeurs
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On n’a jamais vraiment eu de chances, toi et moi. Nos passés nous ont hantés à tour de rôle, et on a eu de la difficulté à synchroniser nos battements de cœurs à travers toutes nos peurs. Ah, la peur, la maudite peur. Elle nous a ligotés et elle nous a placés contre un mur et elle a vidé son chargeur jusqu’à ce qu’on entende « clic clic », la peur. On s’est écroulé à ses pieds, avec notre sang et nos larmes et notre être qui coulaient tous lentement pendant qu’on se regardait dans les yeux, pendant que tu me tenais dans tes bras et que je te tenais dans les miens. On a voulu, les deux, on a voulu autant qu’on a pu, peut-être toi plus que moi un peu.
Puis à un moment donné t’as tourné tes talons hauts, t’as levé ton menton et tu t’en es allé à grands coups de c’est assez, comme une vraie ressuscitée. T’avais assez enduré, assez patienté, et la vérité, c’est que t’as bien fait de levé ton beau petit nez et de t’en aller. Après tout, ce sont tes années, et tu te dois bien de les savourer; c’est ton petit cœur, et tu fais bien de le protéger. T’es partie, t’as pris la page avec mon nom d’écrit dans le haut à deux mains et t’as entrepris de la tourner. T’en avais marre de me laisser écrire des passages dans le joli petit cahier intime qu’est ta vie; je pense que t’aurais préféré que je prenne le temps d’y écrire de beaux, longs chapitres, au lieu de gribouiller par-ci par-là dans deux trois cahiers Canada. Après tout ce temps, cette plume qui faisait couler du bon du beau, eh bien tu l’associais juste à un sombre moineau.
Maintenant je le sais plus trop où il est rendu, ton petit cœur. Sûrement ailleurs. J’espère qu’il bat mieux, qu’il est heureux. Et t’inquiète pas, j’écris pas pour le ravoir, je suis pas en train de poser une charge de C4 à sa porte pour pouvoir rentrer tout casser encore une fois. J’écris juste pour que tu tournes ta page sans oublier. Sans rien oublier, parce qu’oublier, c’est mourir un peu, et mourir, c’est triste. Alors je veux pas que t’oublies. Je veux que tu te souviennes que derrière le trou de cul avec qui tu t’es chicanée, y’avait aussi le good guy qui t’a fait rêver. Que je t’ai fait pleurer, mais que je t’ai aussi fait t’extasier. Que je t’ai fait douter, mais que je t’ai aussi inspirée.
On n’a jamais vraiment eu de chances, toi et moi. On n’était que deux petites âmes sœurs, perdues dans un grand tourbillon de moments pas trop cohérents. C’est fini maintenant.